Ces cinquante dernières années ont vu les médias nous dessiner le geek et son pendant plus docte, le nerd, comme des figures antisociales à la mal-aisance relationnelle légendaire. Ces concepts font souvent l’objet de représentations archétypales : l’une d’elle, le blanc outsider sert de point de référence à I Own Nothing.

 

Le projet de recherche d’Iris Lafon se concentre plus spécifiquement sur deux types de communautés geek actuelles : les trolls d’un côté, les auteurs de fanfiction de l’autre. Ces deux groupes subculturels utilisent aujourd’hui internet comme plateforme première pour s’exprimer, développer, archiver leurs productions. Elles sont toutes deux des acteurs importants de la remix-culture en ce sens où elles s’approprient – braconnent – des éléments (personnages, images, fanart, fake news…). Ces deux communautés s’avèrent également être strictement antagonistes.

 

 

Iris Lafon est chercheuse en histoire de l’art contemporain et commissaire d’exposition indépendante. Ses recherches doctorales, teintées d’histoire sociale et d’archéologie des médias, portent sur la notion d’équipement parergonal, recherches qui l’ont aussi bien conduite à s’intéresser aux archives PASTA, syndicat historique du MoMA, qu’à la collection d’éphémères d’exposition de l’Institut National d’Histoire de l’Art (Paris). Elle s’attache, plus spécifiquement, à dessiner une histoire des tactiques expositionnelles et archivistiques des communautés artistiques et culturelles marginalisées, des alternative spaces new-yorkais aux plateformes internet des fandoms queer.

 

La destruction des espaces vides est un collectif franco-belge fondé en 2012 par Iris Lafon et Valérie Leclercq, qui allie recherches curatoriales, musicales et para-académiques. La  destruction des espaces vides affectionne les interventions maladroites, les expositions placées en état-limite, et prône de manière générale une certaine esthétique du dérapage et de l’erreur. La destruction des espaces vides s’efforce, selon cette éthique, d’offrir aux artistes et musiciens qu’elle invite un environnement favorable à des formes d’explorations artistiques qui seraient peu séantes dans des contextes plus commerciaux.