Une manager, une thérapeute, une traductrice, une cryptologue et une speakerine. Autour d’une table, cinq personnages nourrissent une intelligence artificielle. Représentatives de notre société contemporaine (économie, santé, numérique, médias) et sélectionnées pour le langage imposé par leurs professions, les convives alimentent par leurs discours leur employeur immatériel. Pourtant, les contours d’une langue émancipatrice et poétique, faite de néologismes et de nouveaux rythmes, se dessinent progressivement et va enrayer le processus.

 

Telle une hydre ventriloque, fruit d’un devenir cyborg, l’installation sonore « Le banquet des activités humaines exigeant un effort soutenu » proposera une expérience immersive et technologique, au seuil de notre réel. Interprétées par des comédiennes, les voix des employées seront enregistrées lors d’une résidence au Château Ephémère.

Un temps de répétitions en amont sera dédié à l’exploration accoustique du texte, à la mise en voix des sonorités propre aux mots et à la recherche des spécificités vocales des comédiennes. Ce travail aura lieu avec Johana Beaussart, Claire Finch, Isaure de Galbert, Anna Jacob et Maud Pougeoise. Julie Vacher sera également accompagnée de Valentine Gelin pour la technique son.

 

À la croisée de la poésie sonore, du théâtre automatisé, de la science-fiction et de la sociologie, « Le banquet des activités humaines exigeant un effort soutenu » se veut comme un manifeste langagier et le récit d’une quête. Un temps d’écriture du texte et de sa partition précède les enregistrements au Château. Son champs d’inspiration s’étend des tropismes de Nathalie Sarraute à «D’un retournement l’autre» (2011) de Frédéric Lordon, et de témoignages représentatifs d’un état du travail aujourd’hui à la littérature scientifique en matière d’apprentissage automatique. L’installation que Julie Vacher envisage de réaliser confie une parole poétique à un appareillage technique (enceintes, haut-parleurs, écrans leds) empruntant aux nouvelles façons de communiquer à l’ère numérique. Pour matérialiser ces voix appareillées, démunies de corps, à la frontière entre le physique et le virtuel, ses recherches se focalisent sur la spatialisation du son et le multicanal (audio, écrit, lumière).

 

 

 

Julie Vacher 

 

Diplômée des Beaux-Arts de Lyon en 2013 et du Fresnoy-Studio National des Arts Contemporains en 2018, Julie Vacher analyse, interroge et met en scène les rapports d’interprétation et de transformation entretenus par les humains et les non-humains avec leurs environnements physiques et virtuels. Le champ de ses expérimentations s’étend de l’imaginaire écologique au fantasme sanitaire en passant par l’univers du travail. Via l’écriture poétique, elle explore le langage et son oralité à travers le son, la vidéo, la réalité virtuelle ou encore le web. Ancrés dans le réel, ses récits sont spéculatifs et hybrident le documentaire et la fiction expérimentale, le naturalisme et l’artificiel, le faux-semblant et les néologismes. Dédiés à une expérience collective, ses récits se cristallisent en exposition sous forme d’installations agissantes. Son travail a été présenté lors d’événements d’art contemporain et de cinéma majeurs tels que Panorama 20 (Fr), le Digital Art Festival de Taïpeï (Taïwan), le Palazzo Grassi pour Helicotrema (IT), le Salon de Montrouge (Fr), la Biennale Musique en Scène (Fr), le FID Marseille (Fr), la galerie Thaddaeus Ropac pour Jeune Création (Fr), le FRAC Poitou-Charentes (Fr), l’American Documentary Film Festival (Californie, USA), la galerie Untilthen (Fr) , le Cinéphémère – FIAC Hors-les-murs (Fr), le SNIFF (Finlande). En 2020-2021, elle est membre du collectif Rotolux au sein du projet Poush de Manifesto. Elle est lauréate de la résidence à la Villa Kujoyama (JP) pour la session 2022.

 

 

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