OKZK (acronyme en référence à une protection partielle contre les radiations) est un projet porté par un binôme d’artiste formé de Nelson Chouissa et Eloi Jacquelin. Monté en 2016 et basé à Angers et Paris, OKZK travaille autour des notions de ruine et d’exploration urbaine. Au travers de pièces sonores, vidéos, algorithmes et interfaces homme-machine, le projet questionne un rapport au lieu qu’il soit expérimenté ou fictionnel : que construit-on dans les espaces blancs et zones sans qualités en périphérie des villes ? Les éditions, expositions, roadtrips péri-urbains et conférences d’OKZK développent des formes alliant archéologie-virtuelle et essai-fiction.
« 15 mars 2018, nous sommes perdus. En coupant à travers champs et après avoir sauté quelques fosses, nous nous retrouvons en plein milieu d’une immense dalle de béton. On ne sait rien de ce lieu, dont ne subsistent que des déchets et quelques pans de murs. En cherchant à en faire le tour, nous tombons nez à nez avec un totem de fortune entouré d’une bande magnétique. Commence alors une forme d’enquête sur ce lieu et plus généralement sur les zones à l’abandon et ce qu’elles peuvent raconter. C’est donc après deux ans d’exploration et plus d’une centaine de lieux visités, que naît le projet Infinity of Waste. À partir d’éléments récoltés, d’enregistrements sonores et d’une expérience poétique du lieu, émerge alors un récit mêlant banalité de la périphérie et post-apocalypse.«
Cette recherche ayant vocation d’aboutir sur une installation, les artistes, durant leur résidence au Château Éphémère, concentreront leur travail sur un ensemble de structures 3D et la création d’une pièce sonore poétique inspirée des friches de la banlieue parisienne.
Nelson Chouissa
Le virtuel oppose à la crainte qu’il engendre une relative instabilité. Ses failles rassurent et sont bien souvent une injection d’imaginaire. Exploitant les limites du numérique et les grincements de l’architecture, son travail interroge la ville et sa représentation, il développe un univers ou l’Homme disparaît au profit d’architectures stars et d’une technologie dystopique. L’humain est un figurant dans le projet, une donnée au format IFC, il est hors champ de l’action-architecture.
La construction d’algorithmes de génération urbaine et la création de programmes 3D permettent de déplacer dans le cadre du projet le reste architectural, le “junkspace”. La simulation n’est plus l’idéal, elle crée des espaces nihilistes et transforme la ville en non-lieu narratif. L’architecture n’est plus que symbole : effaçant tout caractère fonctionnel à force de collisions, codifiant la friche, s’auto-déifiant. Le dessin de projet, la maquette ou la 3D sont autant de techniques de représentation permettant de reconsidérer le construit comme forme silencieuse et d’explorer l’image comme vecteur d’une pensée sculpturale.
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Eloi Jacquelin
« Fond noir, points blancs comme une multitude d’embryons circulant dans le vide. Deux agents observent sur un moniteur d’activité la simulation d’une étude sur le milieu humain. Entre les déplacements des cellules représentant chaque individu, apparaît, relié à l’une d’elle, un double anormalement éthéré au mouvement irrégulier. Utilisée dans la guerre contemporaine comme un pouvoir de contrôle et de supériorité, l’image semble indissociable de son inquiétante fonction de distanciation. Sur les écrans militaires des conteneurs climatisés de la base de Creek, Nevada, l’humain réduit à l’état de pixel complète une théorie de l’image spectrale et définit un nouvel impact sur l’horizon d’une modernité dématérialisée. La mise à mort ne peut se détacher d’un lieu, aussi virtuel puisse t-il être.”
Son travail interroge la dislocation du souvenir à travers différents prismes de l’image contemporaine. Du récit cinématographique aux guerres à distance, de l’expérience retransmise à la faille mémorielle, ces lieux se rejoignent le long d’une bande magnétique cernant les contours d’un visage en train de disparaitre. L’image relevant d’un imaginaire en soi et se confrontant sans cesse au monde alentour devenu double, les dispositifs et pièces composites que l’artiste développe, témoignent d’une spectralité omniprésente pensée comme vecteur d’existences. Les fragments éloignés les uns des autres n’ont que le souvenir d’avoir un jour été reliés dans un possible passé d’une image survivante, nous survivant, « nous » devenus archives dans l’angle mort du virtuel.
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