Le projet Le Bruit du Pas se propose d’explorer la dimension sonore d’un élément technique, objet au centre des nouvelles machines-outils : le moteur pas à pas. Ces moteurs permettent de réaliser des systèmes de positionnement de haute précision allant de l’imprimante 3D domestique à la machine-outil à commande numérique industrielle.
Le fonctionnement intrinsèque du moteur permet à l’interface de contrôle de ces derniers de varier de nombreux paramètres qui influent sur le comportement du moteur, et ainsi de changer le son qu’il émet. En effet, le moteur pas à pas, à la différence du moteur à courant continu, reçoit des impulsions électriques afin de bouger. Ces impulsions peuvent être de puissance différente et c’est la nature du message envoyé du contrôleur numérique au moteur qui influencera son comportement et donc son bruit.
Victor Vaysse ne cherche pas à objectiver les objets, à reproduire leur fonction par une image documentaire, mais plutôt à les subvertir en les affranchissant ainsi de leur rôle. Il s’intéresse à la nature formelle de l’objet, que l’action photographique vient altérer.
C’est dans ce décalage entre espace réel et espace photographique que s’est construite sa recherche artistique : d’un côté, un regard d’histoire de l’art retrouve des sphères, des cubes, des espaces enchâssés les uns dans les autres, en référence à l’histoire du constructivisme et de l’art conceptuel ; de l’autre des formes plus organiques, des matières en décomposition, ou en attente d’autres formes. Les volumes créés à partir d’images sont pour lui un en-soi photogénique, dans leurs matières même et dans leurs capacités à devenir sujets photographiques. Les images affranchies de leur support papier pour être figée dans une résine, deviennent alors non reproductibles et s’inscrivent à la frontière entre photographie, peinture et sculpture.